Vincent Lambert et L’Eglise de France

Après quelques recherches, seul le diocèse de Rennes propose une réflexion sur « l’affaire Vincent Lambert ». Il s’agit pour nous du seul dossier ecclésial sur la question soulevée par le pourvoi de notre Président Emmanuel Macron en Cassation de l’affaire de Reims 

Vous pouvez lire ce document à cette adresse : https://e-rennes.catholique.fr/produit/055942/ ; il s’agit du numéro 309.

Commentaire Bioéthique & Catholique

L’avis du médecin dans le dossier est quelque peu representatif de l’inquiétude légitime à attendre dans ce type d’affaire et que reprend d’ailleurs Mgr d’Ornellas :  » confiance aux médecins  » et « pourvu que le patient ne souffre pas. « 

 La position du père Bruno Saintôt sj, est  juste. Même si le fait d’avoir en la personne fait de V. Lambert une cause qui soit trop rapidement généralisable politiquement et médicalement n’est pas évoquée, comme telle.

 La position de Mgr d’Ornelas se situe sur le plan des principes et n’apporte pas d’argument dans le trouble et la confusion qui vont manifestement découler de la décision de la Cour de Cassation dont personne ne doute qu’elle ne donne un blanc-seing à tous les médecins confrontés à des situations de fin de vie de handicapés et de personnes agées en particulier là où le soutien de la famille sera absent ou « dissonnant » (comme dans le cas de décisions de mise sous tutelle d’Etat: en défaveur de la personne à protéger)

N’aurait-on pas pu reprendre les conclusions du père Saintôt mettant en cause les motifs qui auraient du conduire l’équipe médicale à l’envoyer dans une unité de soins dédiés à ces types de handicap, ou même en HAD (hospitalisation à Domicile) comme demandé par les parents du handicapé ? N’était ce pas un avis autorisé de le dire face à la décision de le faire mourir de faim et de soif ( même sans devoir souffrir : un calvaire de plus de 14 jours)  ?

Par ailleurs en cette fete du Sacré Coeur de Jésus, date choisie pour la publication de la décision de la Cour de Cassation, il n’est pas déplacé de parler en terme ecclésial et donc spirituel : est-il indécent, s’agissant d’une famille catholique,  que le « condamné  » puisse avoir accès à un accompagnement fin de vie digne et respectueux de sa religion et de l’affection des siens ? N’est-il pas remarquable que les deux premières fondations en honneur du Saint Sacrement soient situées dans des fondations cisterciennes du 12è siècle, à proximité de Reims, par des disciples de St Bernard de Claivaux. Ces sanctuaires n’invitent-ils pas à appeler les catholiques à adorer Dieu dans ce Sacrement de l’Amour de Dieu pour l’humanité et en particulier les plus vulnérables et les pécheurs ? 

Enfin, du point de vue de la famille, n’y a-t-il pas à faire là une symbolique de notre pays et de notre église : l’homme abandonné par son épouse, condamné à mort par les générations qui suivent, seulement défendu par une poignée de la génération « ancienne « . Notre pays  n’a-t-il pas plus de 2% de pratiquants à l’instar de celle de ces deux parents ? L’église figure de l’épouse est-elle suffisamment courageuse pour dire la vérité en matière de défense du blessé sur la route ? Les générations de demain ne demanderont elles pas à l’instar des autorités du pays la suppression pure et simple du culte qui permet à l’humanité d’accéder au salut et à la vie éternelle ?

Dernières nouvelles : La Cour de Cassation invalide celle de la Cour d’Appel de Paris mais n’a pas remis en cause les mesures provisoires : « Si les mesures provisoires ne sont pas respectées, des poursuites juridiques seront engagées par les avocats des parents. Aujourd’hui les mesures provisoires existent. Elles s’imposent à la France et au docteur Sanchez. Vincent Lambert n’est pas en fin de vie. Ça serait une discrimination envers les personnes handicapées. »( Maitre Jean Paillot).

Pour rappel, « le procureur François Molins a rappelé que, selon la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, « l’arrêt des traitements ne saurait donner lieu à une violation de l’article 2 de la Convention européenne de droits de l’Homme ». Cet article stipule que « le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi ».

En droit français, l’affirmation du caractère suprême du droit à la vie remettrait en cause le droit à l’IVG ou la recherche sur l’embryon. De plus, les premières lois relatives à la bioéthique ont affirmé, sans justification, que la dignité ne s’appliquait pas aux embryons issus de fécondation in vitro. Ces décisions juridiques ne doivent pas arrêter l’interrogation éthique des concepts de dignité et de droit à la vie. Le plus dangereux serait que le juridique parvienne à étouffer l’éthique. » Père Saintôt, La Croix 01/07/19

D’autres liens pourraient être donnés d’appel de convergence vitale

4 Commentaires

  1. dans son interview de la Croix ci apres , je trouve, le pere saintot rate le coche :

    En effet dans le dossier diffusé par le diocèse de rennes. – tres difficile à trouver en passant alors que c’est le seul document ou on peut trouver une « parole d’eglise » dont bioethiquecatholique se fait l’écho … merci !! – au moins, il disait « pourquoi on ne met pas ce vincent lambert en unité de soins qui existent justement pour son cas » ou encore « alimenter n’est pas soigner, c’est un devoir du à tout être humain en vie et il n’est pas mourant »

    En gros: cesser de le faire c’est encore moins un acte médical … cela ressemble à un meurtre pur et simple , ce qu’il ne disait pas car en même temps il pronait comme mgr d’Ornellas la confiance en la conscience et la responsabilité des equipes medicales …
    Mes commentaires [entre crochets] dans l’extrait du 5-6 mn ci après explicitent mieux mon point de vue qui rejoint celui de bioethiquecatholique ci dessus !!

    extrait la Croix 5-6 minutes :
    La Croix : La Cour de cassation a cassé, vendredi 28 juin, l’arrêt de la Cour d’appel de Paris, rendant possible un nouvel arrêt des traitements, comment réagissez-vous à cette décision ?

    Père Bruno Saintôt : La décision de la Cour de cassation suit scrupuleusement la logique juridique de répartition des attributions et des pouvoirs entre l’ordre judiciaire et l’ordre administratif. Cette décision était attendue et n’a rien de surprenant. Ces clarifications juridiques ne peuvent cependant mettre fin au questionnement éthique.

    Le droit français, comme l’a rappelé la Cour de cassation, ne reconnaît pas le droit à la vie comme une valeur suprême, est-ce souhaitable selon vous ?

    P. B. Saintot . :
    … Le procureur François Molins a rappelé que, selon la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, « l’arrêt des traitements ne saurait donner lieu à une violation de l’article 2 de la Convention européenne de droits de l’Homme » qui stipule que « le droit de toute personne à la vie est protégé par la loi ».

    En droit français, l’affirmation du caractère suprême du droit à la vie remettrait en cause le droit à l’IVG ou la recherche sur l’embryon. De plus, les premières lois relatives à la bioéthique ont affirmé, sans justification, que la dignité ne s’appliquait pas aux embryons issus de fécondation in vitro. Ces décisions juridiques ne doivent pas arrêter l’interrogation éthique des concepts de dignité et de droit à la vie. Le plus dangereux serait que le juridique parvienne à étouffer l’éthique. [ mon commentaire : elle le fait , manifestement, déjà !!!]

    Prudente dans un premier temps sur le « cas Vincent Lambert », il semble que l’Église de France ait quelque peu évolué dans le sens d’un refus de l’arrêt des traitements, êtes-vous d’accord et comment l’expliquez ?

    P. B. Saintot . :
    L’Église de France a rappelé qu’elle n’a pas les compétences pour juger la singularité d’un cas qui nécessiterait l’accès au dossier médical
    [ mon commentaire : elle pourrait s’appuyer sur ce qu’elle en sait !! cesser d’alimenter n’a rien d’un acte et d’une decison medical, refuser ou ne pas opter de mettre un malade dans une unité de soins adapté à son etat ici de handicap n’a rien qui permette de dire que ces decisions dites « médicales  » le soient ressortent ou témoignent de cette responsabilité , compétence et conscience medicale ] .
    Conformément à une longue tradition malheureusement ignorée du grand public, elle a réaffirmé qu’elle ne pouvait ni ne voulait se substituer à la conscience de ceux à qui il appartient de prendre la décision mais qu’elle désirait contribuer à éclairer les consciences.

    Le durcissement des positions résulte à mon sens d’une réaction en miroir : à partir du moment où le cas de Monsieur Vincent Lambert est devenu une cause, c’est-à-dire l’objet d’un affrontement en pourou contreimpliquant la cause euthanasique, l’Église a voulu rappeler vigoureusement son opposition à cette pratique. Attribuer, comme le font beaucoup de médias, l’origine du conflit et du problème au fait que les parents sont de fervents catholiques est à la fois injuste et insultant. Les questions éthiques concernant l’évaluation de l’obstination déraisonnable seraient les mêmes s’ils étaient athées.

    C’est pourquoi l’Église a voulu rappeler la place centrale de l’attention au plus faible pour construire la société. Elle a voulu aussi montrer les conséquences potentielles d’une décision singulière d’arrêt des traitements sur l’ensemble des patients cérébrolésés (1 700 en France), sur leur famille, sur l’ensemble des soignants qui prennent soin d’eux et qui risquent d’être découragés.

    À quoi bon soigner ces personnes si l’ensemble de la société se met à juger globalement que leur vie ne mérite pas d’être vécue, qu’ils ne sont plus vraiment humains ou que leur soin coûte trop cher ? Derrière la polémique, c’est la place du soin dans notre société, qui est interrogée.
    [ et comment ! ]

  2. « L’Église de France a rappelé qu’elle n’a pas les compétences pour juger la singularité d’un cas qui nécessiterait l’accès au dossier médical »
    cette phrase me rappelle celle de Dinechin aux Semaines Sociales « l’Eglise n’ a pas compétence pour parler de la création par dieu de l’âme dans le processus embryonnaire  »

    ben voyons

    ces prêtres sont des incarnations de l’apostasie

  3. Que les chrétiens que nous sommes repensent à l’enseignement de Jésus-Christ à travers la « Parabole du bon samaritain »! L’homme blessé par les brigands git (dixit) « à moitié mort » au sol. Peut-on imaginer une seule milliseconde que notre Seigneur ait pu dire « l’homme souffrait trop, le samaritain, par compassion lui a fait boire du vin pour qu’il ne se sente pas mourir et il l’a étouffé avec un linge ». Il a mis fin à ses souffrance, cela est bon. C’est tout le contraire qui s’est passé! La petite flamme de vie qu’il restait en cet homme gravement blessé a été entretenue avec soin, respect et amour par le samaritain. Pour lui, la vie était sacrée quelque soit la blessure. Voilà,je crois, notre référence absolue quand on réfléchis sur ce qui se passe autour de notre frère Vincent bien-aimé. Oui, référence absolue car elle vient du Maître de l’Univers, de Jésus. Cet épisode de l’Evangile « remet les choses à l’endroit » presque, (je ne dis pas que c’est le cas), presque comme si Jésus avait en tête ce qui allait ce passer à notre époque de culture de mort. C’est tellement éloquent!

  4. Précision: Pourquoi l’Eglise ne se demande pas l’avis de Jésus, avant-tout, en priorité et crucialement sur les questions de fin de vie et toutes les autres de bioéthique et toutes d’ailleurs? Pour ce qui arrive à Vincent Lambert et qui risque dramatiquement d’arriver à tous les grands blessés de la vie, L’Eglise pourrait énoncer clairement « la Parabole du bon samaritain ». A partir de là, nombre de questions que l’on se pose et qui font polémique inutilement et qui polluent, seraient caduques. Notamment: « le blessé sera t-il handicapé par la suite? » « sa vie vaudra t-elle la peine d’être vécue? » Sachant qu’il était à moitié mort avant d’être secouru, il a peut-être été touché à la tête, aura-il encore toutes ses capacités psychiques. Pourra-t-il encore se nourrir seul? Qui pourra s’occuper de lui? Ne sera-t-il pas un poids pour son entourage? Ne vaudrait-il pas mieux lui donner la mort? etc… Le silence du Seigneur au sujet de ce qui advient par la suite au blessé, après qu’il ait pu quitter la bonne auberge, parle de lui même. C’est « qui Il est » qui répond à cette question: il est le Chemin, la Vérité et la Vie. Oui, la Vie!

    Bien à vous!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*