Communiqué du CEF : Aucun être humain ne peut en traiter un autre comme un objet

Commentaire Bioéthique & Catholique

Notre site est heureux de vous faire connaitre ce communique des évêques de france à l’aulne de cette année de débats et de votes d’articles et amendements de la loi bioéthique, ce  à peu de jours de la manifestation du 19 janvier prochain.
Si Alliance Vita (ex ADVie) et les mouvements dans sa mouvance ont fait choix, pour ratisser large, d’avoir un caractère aconfessionnel, ce faisant de s’interdire toute référence en découlant et surtout de ne pas prendre position sur le statut de l’embryon (autrement dit : « a-t-il une âme? » … question qui n’est pas proprement de contenu religieux), ce message de nos évêques ouvre une voie de conscience nouvelle.

De fait,  les choix d’actions des sympathisants et militants formés (formatés, car Alliance Vita  ayant une puissance de formation de l’opinion sans égale, notamment par ses « universités de la vie » et participations aux colloques et débats ) sont faussés et largement lacunaires. Par le fait même, est laissé le champ libre à ceux qui, dans le domaine de la loi bioéthique, agissent – sans réelle voix d’opposition ou d’opinion – avec l’être humain embryonnaire : ils conçoivent des embryons PMA, assurent la recherche, le « stockage », la « fourniture  » des embryons et de leurs organes,  comme s’ils ne « trafiquaient » que des « amas de cellules », au mieux des « êtres humains en puissance »ou « potentiels « , bref un matériau sans âme (ce qui n’est pas),  quand bien même l’embryon dès sa conception est déjà une personne possédant une âme (du point de vue sagesse humaine  et intelligence raisonnable ) … personne humaine peu protégée depuis surtout les lois IVG (et qui ne sera reconnue juridiquement comme personne de droit qu’à sa naissance) . Alors non, en effet, aucun être humain ne peut en traiter un autre comme un objet.

Aux  trois points qui sont évoqués dans ce communiqué, il est indispensable de rappeler aussi plusieurs dérives qui ne sont toujours pas dénoncées,  ni n’ont fait l’objet d’opposition explicite de la part des mouvements de défense de la famille et de la vie ou de l’embryon, donc de nos évêques qui y puisent leurs informations ( sauf Mgr Fort en 2004 et Mgr Barbarin en 2003 avant le vote de la loi ).  

Notre site a donné la parole, au-delà des IMG, DPI , DPN  tristement eugéniques, de plusieurs scientifiques,  de juristes, de textes et d’articles de loi bioethique decryptés sur ces dérives graves que sont – le clonage humain – les manipulations génétiques d’embryons humains en maternité  PMA : édition – modification du patrimoine génétique humain de l’embryon,  – la culture de gamètes artificielles à partir de cellules souches embryonnaires d’embryons humains PMA disponibles en vue de leur fecondation) , donc reproduction humaine d’êtres humains sans père ni mère ni filiation humaine. Faut-il taire les recherches ou projets de recherche qui procèdent à la chimerisation d’embryons ou à l’inhibition de chromosomes X d’embryons humains (recherche votée le 11 février 2013…en pleines manifestations de LMPT …)  pouvant mener a des êtres humains animalisés ou sans orientation sexuelle ? 

Ces dérives ont le merite d’accentuer l’urgence de la prise en compte de cet appel du CEF de ne plus devoir considérer aucun être humain comme un objet. L’appuyer de tels exemples de dérives legalisées  (ou pour les chimères, en voie de l’être) aurait eu (et a toujours) le mérite d’être plus parlant et factuel quant l’actualité d’un tel message qui serait d’ailleurs a approfondir dans ses motifs ontologiques et, pour des porte-paroles et des témoins catholiques, religieux.

Les conséquences des dérives non denoncées sont plus extrêmement graves socialement et pour la famille de demain (que les lois réorganisent en conséquence) , et pour ceux qui naitront désormais à la suite de telles pratiques en maternités PMA qui les permettent , plus  que les seuls trois points indiqués dans ce communiqué. 

Elles le sont aussi d’un point de vue catholique car pénétrer dans le Sanctuaire de la Création humaine à sa conception est loin d’être neutre théologiquement et spirituellement (C’est Dieu qui crée une âme par les parents ni le « médecin » PMA , l’Ecriture évidemment ne peut pas ne pas en parler : voir la rubrique « et Dieu dans tout ça » du site) Ceci est d’autant plus vrai que le Sénat vient de proposer l’extension de pratiques de PMA à des sociétés privées a but lucratifs , dérogeant ainsi potentiellement et de façon inévitable à la commercialisation des organes humains, des cellules souches humaines à des fins diverses, des embryons humains artificiels ou clonés conservés dans ces sociétés.

Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, réuni les 6, 7 et 8 janvier 2020, tient à exprimer son inquiétude devant le projet de révision des lois de bioéthique dont la discussion au Sénat se prépare.

Dans l’état actuel du projet de loi, trois points particuliers engageraient encore davantage notre société française dans des contradictions insolubles. S’ils étaient adoptés définitivement, ils témoigneraient d’une grave méprise quant à ce qu’est l’éthique, méprise qui, si elle n’était pas clarifiée, serait de l’ordre de l’insouciance pour l’avenir.

  1. Soumettre, comme le veut la loi, l’engendrement par PMA d’un nouvel être humain à un « projet parental » est discutable. Le pouvoir ainsi reconnu aux parents ne risque-t-il pas de devenir absolu ? Comment le projet de loi va-t-il exprimer la pleine reconnaissance du droit de l’enfant qui est une « personne » ? En effet, établir des critères applicables aux adultes qui veulent devenir parents pour autoriser ou non ceux-ci à bénéficier d’une technique d’AMP ne suffira pas à garantir une prise en compte suffisante de la dignité de l’enfant. Le respect de l’enfant devrait être la considération première.
  2. La légalisation de la filiation sans père ni ascendance paternelle et de la maternité par simple déclaration de volonté, devant le notaire, sans que la femme vive la gestation, met en œuvre « l’invraisemblable », ont pu dire certains. Est-il juste d’entraîner la société dans cet engrenage ? Notre République est basée sur le respect de la conscience. Cela ne commande-t-il pas de prévoir le recours à l’objection de conscience pour ceux et celles, les notaires par exemple, qui se refuseraient, en conscience, à être engagés malgré eux dans la réalisation de cet « invraisemblable » ? Cette clause de conscience s’impose aussi à propos de l’IMG. Sans une telle expression dans la loi du respect de la conscience de chacun, n’irions-nous pas vers la mise en place d’une police de la pensée, contraire à notre liberté démocratique ?
  3. L’extension du diagnostic pré-implantatoire ouvre la voie à une sélection accrue des enfants à naître, sélection que notre pays professe pourtant de refuser en souhaitant une société inclusive. Un « eugénisme libéral », dépendant de la décision des parents potentiels ou du parent potentiel, serait ainsi toléré. Des parents ayant un enfant portant une maladie génétique nous alertent publiquement sur la « déshumanisation » que produirait un tel tri sélectif. Vouloir l’enfant sans aucun variant génétique est non seulement une illusion, mais ce serait aussi « déshumaniser » notre humanité !

Ces trois points sont significatifs de la fuite en avant dans laquelle sont prises nos sociétés occidentales soumises au libéralisme et aux lois du marché : les désirs individuels y sont exacerbés par l’apparente satisfaction que la conjonction des techniques médicales et juridiques semble promettre.

Nous remercions toutes celles et tous ceux qui prennent au sérieux les enjeux de la loi en discussion. Nous saluons les parlementaires qui travaillent à mettre de la lucidité et du bon sens éthique à propos de l’humain dans le texte de la loi. Nous encourageons les citoyens inquiets à faire connaître leurs réserves et à exprimer leurs points de vue. Nous redisons que tout enfant humain est appelé à grandir dans le déploiement de sa liberté et dans le respect de sa dignité, en communion avec tous les autres, et cela tout au long de sa vie, quelle que soit son origine ethnique ou sociale, sa religion ou son absence de religion et son orientation sexuelle. Aucun être humain ne peut en traiter un autre comme un objet.

Le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France
Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims, Président de la CEF,
Mgr Dominique Blanchet, évêque de Belfort-Montbéliard, vice-président de la CEF,
Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Amiens, vice-président de la CEF,
Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris,
Mgr Jean-Pierre Batut, évêque de Blois,
Mgr Jean-Marc Eychenne, évêque de Pamiers,
Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen,
Mgr Philippe Mousset, évêque de Périgueux,
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre,
Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Poitiers.

Le 13 janvier 2020

 

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