Recherche sur l’embryon : déballage des revendications

Voici une tribune de Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune :

Recherche sur l’embryon : déballage des revendications France Catholique n° 3593 29 juin 2018 

« Le débat sur la « PMA pour toutes » a caché les principaux enjeux de la prochaine révision de la loi de bioéthique. Cette thématique a submergé la scène médiatique, masquant ce qui se jouait réellement en coulisses. Invisible et insignifiant, derrière la scène, l’embryon humain sera, une fois de plus, la victime silencieuse de cette révision de la loi de bioéthique.

IL EXISTE un lien direct entre la pratique de la PMA et la recherche sur l’embryon humain puisque la pratique de la PMA en France a créé un stock d’embryons « disponibles » : les embryons surnuméraires. Dans le cadre d’une FIV, les techniciens produisent de 4 à 10 embryons pour n’en transférer qu’un ou deux. Les autres sont congelés en attente d’un éventuel projet parental, d’être donnés à la recherche ou bien d’être détruits.

Ces états généraux de la bioéthique ont été l’occasion pour les représentants du scientisme et du marché de formuler leurs projets au grand jour. C’est un grand déballage de revendications.

Cécile Martinat a été l’une des plus explicites. Dans la contribution écrite qu’elle a rédigée en tant que présidente de la French Society for Stem Cell Research (FSSCR), elle a fait part de ses souhaits :

– exclure les recherches sur les cellules souches embryonnaires (CSEh2) du périmètre de la loi sur la recherche sur l’embryon (c’est-à-dire en faire des objets sans aucune protection) ;

– supprimer de la loi la nécessité de prouver que les recherches sur les CSEh ne peuvent pas être menées avec une autre méthode d’efficacité comparable (c’est-à-dire choisir le matériau le moins cher, en l’occurrence l’embryon humain) ;

– ouvrir la porte à des technologies innovantes telles que : « la création de pseudo-embryons par agrégation de cellules pluripotentes avec des cellules trophoblastiques », ou encore « la création d’embryons inter-spécifiques grâce à l’injection de CSEh ou de cellules iPS dans des embryons animaux par fusion de gamètes obtenus à partir de CSEh et de cellules iPS » (c’est-à-dire créer des monstres par dépeçage d’embryons humains).

( …)

Lors de son audition par la commission des Affaires sociales du Sénat, le biologiste Laurent David a établi un lien de cause à effet entre la PMA et la recherche sur l’embryon : « On fait de la recherche sur l’embryon parce que l’on fait de la fécondation in vitro. » D’ailleurs, la recherche sur l’embryon sert souvent à améliorer l’efficacité des FIV. Et les FIV servent à donner du matériau à la recherche.

Laurent David envisage pour cela de poursuivre la libéralisation du régime de recherche sur l’embryon. Il demande de « clarifier la loi au niveau de la terminologie, préciser quel est le statut de l’embryon […] ». Il part du principe que « l’embryon n’a pas de statut particulier » et propose une « piste de réflexion » : c’est le débat sur pré-embryon.

« Cet aveuglement ontologique sur leur nature les rend disponibles »L’intervention de ces experts a évidemment beaucoup de poids pour le législateur qui n’y connaît rien et qui sait, depuis la loi Veil, que l’embryon n’est plus considéré comme un être humain à part entière puisqu’il peut être détruit à tout moment.

Alain Milon, président de la commission des affaires sociales du Sénat, abonde dans ce sens : « Je crois que les lois de bioéthique doivent concerner la bioéthique, et non pas les débats sociétaux. » C’est vrai. Mais il s’agit peut-être d’une diversion. Pour éviter un nouveau conflit politique, le gouvernement et les parlementaires pourraient être tentés de sortir la « PMA pour toutes » et l’euthanasie de cette loi de bioéthique. Ils auront ainsi gagné l’apaisement tant recherché. Les milieux pro-famille seront heureux d’avoir gagné sur ces questions de société…….une fausse victoire. Car le champ serait libre pour faire passer les dispositions les plus graves relatives à l’embryon humain et à l’eugénisme, dans l’indifférence la plus complète. L’embryon humain est la variable d’ajustement du jeu politique. »

Commentaires Bioéthique & Catholique

Nous pouvons nous permettre de penser exactement la même chose que Jean Marie Lemene : les slogans des milieux et mouvements pro-famille, pour justes qu’ils soient sur le plan sociétal et du droit futur des enfants de paires de même identité sexuelle ou de PMA pour toutes sont des diversions de l’essentiel : Jean Marie Lemene ouvre là une boite de Pandore.

Ne convient-il pas d’éclairer ce point de vue et le compléter par ce que nous avons déjà écrit et proposé à la réflexion à ce propos :

  • Il n’y a pas que 220.000 embryons congelés (avec 400.000 embryons conçus chaque année en PMA) … Qui plus est, Mr JM Lemene le sait, il y a aussi du fait des articles de lois bioéthique des embryons de recherche comme la loi le permet ( ce qu’il ne dit pas depuis 15 ans !) : les textes déjà votés qui réifient l’embryon et de façon définitive https://bioethiquecatholique.fr/?p=306 et massive : un directeur de recherche ne disait il pas à France culture le 13 juillet à 18h30 « (avec la loi du 6 aout 2013) nous disposerons d’un « matériel » immense car avec un seul embryon nous arrivons à en créer 50 « Nous sommes donc loin des 200.000! »
  • Ces « recherches « dites sur l’embryon ouvrent à la reproduction humaine (ce dont J M Lemene ne parle pas, puisqu’il ne dira pas la vérité juridique en niant que la loi autorise le clonage humain lors des toutes ses publications, brochures bioéthiques éditées à 500.000 exemplaires , exposés publics ) : on pourra ce sujet se reporter aux liens de nos articles sur le thème juridique https://bioethiquecatholique.fr/?cat=5…. il conviendrait d’évoquer à ce propos la loi du 26 janvier 2016 qui autorise la fabrication de gamètes sexuelles à partir d’embryons PMA (tués, pardon pudiquement dit « détruits » , à cette occasion) à des fins de leur fécondation : légalisation de reproduction «scientifiques » d’êtres humains sans père ni mère …. La diversion dont parle l’article cité continue de na pas expliciter ce qu’elle occulte vraiment !
  • Les prétentions à élargir les droit de recherche dont parle JM Lemene, sans en préciser la réalité concrète ( reproduction artificielle et par clonage d’embryons , qui sont des crimes contre l’humanité et des manipulations génétiques condamnée à Nuremberg d’une autre gravité que la PMA pour toutes qui mobilise les débats bioéthiques diocésains et des mouvements de première ligne pro famille ) Ces dérives aggravent cette transgression ontologique et elles s’appuient comme l’exprime justement JM Lemene sur une faiblesse référentielle catholique et métaphysique : Bioéthique et Catholiques ne cesse de rappeler et faire référence à ces vérités métaphysiques et doctrinales , inclue la video de 4 mn de Mgr AuPetit , à St Leon en mai 2018 lors de sa réponse aux questions (https://www.youtube.com/watch?v=5sCxMoSAPkU&t)
  • Dès lors, Bioéthique et Catholiques d’insister sur l’enjeu FONDAMENTAL que recouvre la loi bioéthique et la nécessité de la réformer . N’est il pas nécessaire d’ouvrir des PROPOSITIONS constructives qui fassent barrage à la transgression suprême contre l’espèce humaine ( voir les propositions de bioéthique et Catholiques qui permettent de stopper la destruction des embryons PMA , leur congélation, leur livraison à la recherche , le clonage humain, la reproduction humaine « scientifique » d’embryons sans père ni mère etc… ) ?
  • Et de dévoiler et dénoncer ce qui dans cette loi a été caché aux français à l’instar des silences à ce propos dans ce qu’elle est réellement – au-delà des interventions légitimes (mais qui sont des conséquences très collatérales et sociétales) dans le monde bien pensant et leurs porte – paroles depuis plus de 20 ans, comme le droit à l’enfant, les préjudices subis par eux et dont le juridique pourra et devra affronter à terme, c’est à dire à la majorité des dits enfants (mais rien à propos des transgressions éthiques, qui -faute de statut et faute de respecter les conventions internationales (comme celle de Oviedo) – bafouent la condition humaine, l’être humain, les condamnations de manipulations génétiques à Nuremberg, en un mot les Droits de l’Homme qui en découlent etc etc , sans parler des transgressions contre la loi naturelle (loi de conscience) contre l’être humain (la métaphysique : sagesse réaliste sur l’être humain issue da la philosophie réaliste païenne grecque ) et les vérités religieuses acquises et portées par la foi catholique, voire judéo- islamique honnête …. Voir sur ces sujets les thèmes théologiques abordés et qui méritent une attention toute particulière des catholiques pour approfondir cette question qui bouleverse les fondements de l’humanité et la Source de la Création https://bioethiquecatholique.fr/?cat=8, eschatologiques https://bioethiquecatholique.fr/?cat=25

Le problème se pose donc ainsi : sont-ils créées par Dieu, ont-ils un poids ontologique et spirituel dès le terme de la fécondation ( là où on veut les produire et utiliser ) ?

Si les catholiques et leurs porte-paroles ou leaders, fussent-ils des commissions bioethiques diocésaines ou épiscopales, restent aveugle et MUET sur cette question, les procédures de la bioéthique ont un avenir sans obstacle devant eux.

(*) quand bien même nous regrettons que ne soit pas encore bien intégrée la portée eschatologique de la pensée de Jean Paul II sur l’animation immédiate et  » la création de l’âme spirituelle dès l’apparition du génome, directement par Dieu  » ! et que cela change tout sur la vision fondamentale de la Conception humaine et même de la Pastorale de l’Eglise et des catholiques à ce propos ( ceci fut il dû au manque de soutien de la communauté ecclésiale et pro famille sur l’animation immédiate dans toutes , sans exception, toutes ses interventions dans les commissions bioéthique ou lui était donnée la parole depuis 25 ans.

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