Pour l’État, tuer Vincent Lambert était un devoir

https://www.fondationlejeune.org/pour-letat-tuer-vincent-lambert-etait-un-devoir/

En persistant dans la décision d’arrêt de l’hydratation et de l’alimentation de Vincent Lambert, malgré les injonctions de l’Onu, la France a pris une décision logique, explique Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, dans Valeurs actuelles : l’inverse aurait supposé de “consacrer le droit à la vie comme une liberté à « valeur suprême », et donc de remettre en cause les lois Veil et Léonetti :

La France vit de ses idées mortes qui impactent le droit et la médecine. 

Tuer Vincent Lambert était un devoir. 

Comme l’a écrit le procureur général près la Cour de Cassation dans son avis, « consacrer le droit à la vie comme une liberté à “valeur suprême” aurait aussi pour conséquence immédiate la remise en question de la loi dite Léonetti en faveur des malades et des personnes en fin de vie ou encore celle relative à l’interruption volontaire de grossesse ». 

La phrase est, au sens propre, renversante mais elle est explicite. Ce n’est plus l’avortement et l’euthanasie qui portent atteinte au respect de la vie humaine. C’est le respect de la vie humaine qui menace l’avortement et l’euthanasie . Faire respecter la vie des personnes fragiles devient une exception au droit de les faire mourir qui devient la règle. Le droit n’est plus au service de la justice, mais la justice au service du droit. 

Triomphe du droit et défaite de la justice. Quarante-cinq ans après la loi Veil qui permet de tuer des enfants handicapés jusqu’au jour de leur naissance, la loi Léonetti permet de tuer des adultes handicapés avant même les jours de leur vieillesse. Il reste à raccourcir le délai de l’agonie, trop pénible, ce qui fera l’objet d’un aménagement technique de la loi. 

Dans la hiérarchie des normes, les lois mortifères ont de fait acquis une valeur quasiment supra-légale. Elles figureront bientôt dans le bloc de constitutionnalité pour qu’on ne puisse plus les contester. Le droit intègre la vision transhumaniste moderne dans laquelle la vie humaine n’est qu’un matériau à gérer parmi d’autres au sein du grand bouillonnement du vivant. 

Ce dés-humanisme véhiculé par l’avortement et par l’euthanasie empoisonne peu à peu la médecine hippocratique. 

Même empoisonnement sémantique pour maintenir la valeur suprême du débat apaisé. Interruption de grossesse au lieu d’avortement. Interruption des traitements au lieu d’euthanasie . Comme si la grossesse ou les traitements pouvaient reprendre, comme s’il fallait adoucir les mots pour adoucir la chose, comme s’il fallait nier la mort pour sauver celui qui l’inflige. 
Même empoisonnement chimique pour conduire à l’issue fatale. Déshydratation provoquée suivie d’insuffisance rénale, d’accumulation de potassium dans le sang, d’arrêt cardiaque pour Vincent Lambert. Injection de chlorure de potassium dans le cordon ombilical ou dans le cœur de l’enfant handicapé destiné à l’avortement tardif. 
La mort par défaillance des fonctions vitales est moins suspecte que le coup de grâce.
Même empoisonnement des consciences anesthésiées . Sédation profonde et continue pour Vincent Lambert. Analgésie fœtale en cas d’avortement. Pour donner l’illusion que la médecine ne trahit pas sa vocation seconde de combattre la douleur alors même qu’elle trahit sa vocation première de ne pas nuire au patient. 

Même empoisonnement des sentiments puisque, dans les deux cas, il s’agit d’accorder une mort miséricordieuse à des semblables dont la vie ne mérite plus d’être vécue au yeux du monde. Même empoisonnement des spécialités qui incluent la mort du patient dans la trousse du médecin. La démographie catastrophique de la gynécologie entraine un transfert des responsabilités abortives sur les sages-femmes, beaucoup de médecins ne voulant plus s’en charger. 
Demain, la gériatrie confrontée à l’accroissement du nombre des personnes âgées et dépendantes, atteintes de diverses démences séniles, isolées, sans famille, connaitra le même sort. La décision d’euthanasie laissée au seul médecin par la loi Léonetti fera exploser cette discipline entre ceux qui prennent soin et ceux qui acceptent de tuer. Dans ce secteur aussi, beaucoup de médecins ne se résoudront pas à « débrancher » leurs patients et on déléguera la tâche aux infirmières. 

Enfin, il est difficile de ne pas regretter la position de la Conférence des évêques de France qui explique qu’elle est « contre » l’euthanasie mais « pour » la loi Léonetti, comme elle avait expliqué en son temps qu’elle était « contre » l’avortement mais « pour » la loi Veil. Comment les gens peuvent-ils s’y retrouver ? 
En cherchant sans doute à bien faire, elle estime Vincent Lambert victime d’une mauvaise application de la loi Léonetti. 
C’est tout le contraire qui s’est passé, la loi a été bien appliquée , comme n’a cessé de le proclamer lui-même son auteur et comme les surabondantes décisions judiciaires en témoignent. 

Le rédacteur de ces lignes, à travers la fondation Jérôme Lejeune, a créé la plus importante consultation médicale d’Europe dédiée aux personnes handicapées mentales. Il observe avec inquiétude le vieillissement accéléré de cette population et la faiblesse croissante de la prise en charge publique. De même qu’il sait par expérience que les enfants handicapés ont été les premières victimes de l’avortement, il a de bonnes raisons de redouter que les adultes handicapés vieillissants ne soient les premières victimes de l’euthanasie. 

Commentaire de Bioéthique et Catholique

Nous retenons les inévitables ambiguïtés de l’Église de France dans les sujets fondamentaux qui concernent la vie humaine que relève J.Marie Lemené : « il est difficile de ne pas regretter la position de la Conférence des évêques de France qui explique qu’elle est « contre » l’euthanasie mais « pour » la loi Léonetti, comme elle avait expliqué en son temps qu’elle était « contre » l’avortement mais « pour » la loi Veil. Comment les gens peuvent-ils s’y retrouver ? 
En cherchant sans doute à bien faire, elle estime Vincent Lambert victime d’une mauvaise application de la loi Léonetti. 
C’est tout le contraire qui s’est passé, la loi a été bien appliquée , comme n’a cessé de le proclamer lui-même son auteur et comme les surabondantes décisions judiciaires en témoignent »

il en fut de même en 2004 à la parution de la loi Bioéthique qui ouvrait la voie , de fait au clonage humain: « Nous nous félicitons du vote de cette Loi » ( Mgr Ricard président du CEF). Il est vrai que tous les médias et représentants autorisés Père Verspieren, Père Olivier Dinechain, Père Bruguès, disqualifieront lors de leurs auditions parlementaires, en commissions bioéthiques, débats et journées bioéthiques publiques, l’animation immédiate au profit de l’affirmation tardive défendue par le Père Marie Dominique Philippe que l’âme ne pouvait être présente que  tardivement (déniant et refusant de souscrire à l’autorité et à la Déclaration du 24 février 1998 de Jean Paul II à l’Académie Pontificale pour la vie) . 

Ce propos malheureux du CEF en 2004 fait que l’Église ne reviendra pas sur cette appréciation gravement erronée (ce, non sans avoir été informée des articles autorisant le clonage humain et la recherche dérogative sur les embryons malgré le préambule de la loi bioéthique 2004 condamnant comme crime contre l’humanité le clonage humain reproductif, mais libérant la voie à la conception de clones à des fins médicales et thérapeutique ) …. Ne serait-ce que pour dénoncer et condamner

– le clonage humain des embryons une fois celui ci définitivement libéré de toute interdiction légale et pénale ( loi 6/8/2013),

– la manipulation génétique des embryons disponibles libre de recherche par l’ABM, un comité de chercheurs PMA à la fois juge et parti, 

– jusqu’à la légalisation (loi santé du 26 janvier 2016) de culture artificielle de gamètes sexuelles issues d’embryons PMA (par utilisation de cellules souches embryonnaires légale depuis 2013) en vue de leur fécondation in vitro en PMA …. donc création d’êtres humains sans père et sans mère.. Où l’on voit bien que la dénonciation de la seule PMA sans père est lourdement insuffisante. 

Il est vrai que la CEF n’y aura pas été aidée par Mr JM Lemene lui même, encore moins les mouvements Pro-vie ( ADVie puis Alliance Vita , LMPT, Marche pour la vie, Juriste pour l’enfance, Avenir pour tous etc etc … ) les médias et supports qui relaient leurs communiqués et interviews, ou même ses propres experts (Mgr d’Ornellas, très largement instruit depuis mai 2015, par nos experts directement, et indirectement par des scientifiques catholiques autorisés et reconnus internationalement. Leur porte-parole expert le père Bruno Saintot (muet aussi sur le clonage humain, la PMA artificielle sans père ni mère), est très ambigu sur la question du statut de l’embryon et son animation dès après la fécondation, à sa conception biologique où il est parfaitement identifié génétiquement (voir article récent sur le père Bruno Saintot à ce sujet). 
Tous nient l’animation immédiate, le clonage humain légalisé, sa pratique et bâillonnent toute possibilité de nommer de tels actes de façon scientifique, éthique, philosophique, anthropologique, politique, médiatique, théologique, métaphysique, scripturaire , eschatologique , pastorale, publique. Serait-ce, comme il est récurrent de leur entendre, « contre -productif » (sic) ?

Nous nous réjouissons que la mort inéluctable de Vincent Lambert ait suscité de nombreux appels diocésains à célébrer des messes pour lui, enjambant le pas à l’avis du Vatican une fois l’affaire étatique conclue …. car, de fait auparavant (sauf à notre connaissance Mgr Aillet ) tout propos mettant en cause la demande de cassation par le président de la République de l’arrêt de la mise a mort de soif de ce frère handicapé ont été inexistants. Il était pourtant à défendre comme personne (un cas)  et comme cause : symbole politique de la dépendance et de la vulnérabilité des personnes handicapées, malades incurables, mentalement déficientes et séniles, psychiatrisées, sans défense de leur famille (*).
(*)les enfants mineurs pourront-ils être soutenus par leur parents ?  Deux enfants ont été euthanasiés en France dans le silence ….et contre la demande de leurs parents et à leur désespoir disait mercredi la veille du décès de Vincent Lambert à St Sulpice son avocat depuis 6 ans , Motif invoqué par l’équipe médicale  : ils étaient mineurs !

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